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Animorphs - T13 - La mutation - Chapitre 1 & Infos
INFORMATIONS
Série : Animorphs
Tome : n°13
Titre : La mutation
Auteur : K. A. Applegate
Traduit de l'américain par : Mona de Pracontal
Éditeur : Folio Junior
Recopie par : Ai-Eclipse
État : en cours
CHAPITRE 1
Je m'appelle Tobias.
Les autres Animorphs ne peuvent pas vous dire grand-chose sur eux-mêmes, mais moi oui. Parce que, vous comprenez, je n'ai pas d'adresse. On ne peut pas me trouver. Je vis dans un coin de forêt, à côté d'une prairie. C'est mon territoire.
Il comprend la prairie, qui fait une centaine de mètres de long sur à peu près cinquante de large. Dans mon territoire, il y a aussi les arbres qui entourent la prairie et les bois qui s'étendent vers le nord, sur encore cent mètres environ.
Bien sûr, ce domaine est aussi celui d'autres animaux. Des hiboux, des geais, des renards, des ratons laveurs, et ainsi de suite jusqu'aux araignées et aux fourmis. Mais pas de faucon à queue rousse.
A part moi.
Je m'appelle Tobias et je suis humain. En partie. Mon esprit est essentiellement humain. Du moins je le crois. Je veux dire par là que j'ai des souvenirs humains. Je sais lire, je manie la langue. La majorité de mes amis proches sont humains. Et je suis né humain, dans un corps humains, avec des bras, des jambes, des cheveux, une bouche.
Aujourd'hui, pourtant, j'ai des ailes, des serres et des plumes. Et à la place d'une bouche, j'ai un bec recourbé. Je peux produire des sons avec mon bec. Mais rien qui ressemble à un son humain. Quand je veux parler à des humains normaux, j'utilise la parole mentale.
Mais il n'y en avait aucun avec moi, tôt, ce matin-là, tandis que je guettais avec patience, perché dans les branchages d'un orme mort.
Je gardais les yeux rivés sur la prairie. Je connaissais les trajets et les terriers des souris, des rats et des lapins qui habitaient là. Je savais aussi ce que cela signifiait quand les grandes herbes sèches frémissaient, ne fût-ce qu'à peine.
Avec mes yeux de faucon, je pouvais distinguer ce qu'aucun humain ne pourrait rêver de voir. Je pouvais voir les brins d'herbes, un par un, frémir au passage d'une souris.
Et avec mon ouïe de faucon, j'ai entendu le léger grincement de dents d'une souris mastiquant une graine.
La souris était à vingt-deux ou vingt-trois mètres de distance. Une proie facile.
Lentement, en faisant attention à ne pas faire de bruit, j'ai ouvert les ailes. J'ai relâché mes serres agrippées à la branche et je me suis laissé tomber vers l'avant. Mes ailes ont glissé sur un coussin d'air et j'ai piqué, presque en silence, vers ma proie.
L'herbe a frémi.
Entre les brins, j'ai vu un éclair marron. La souris courait.
Trop lentement.
J'ai dardé les serres. J'ai lancé les ailes vers l'avant pour couper la vitesse puis j'en ai rabattu une pour tourner, et sur les trente derniers centimètres, je me suis laisse tomber comme une pierre.
Le tout s'est très vite conclu.
Mais pendant que je traînais la souris vers un coin plus tranquille, j'ai buté contre une vieille revue que quelqu'un avait jetée là. Le vent faisait tourner les pages, une à une. Des pubs. Des schémas. Des photos du président avec je ne sais quel dirigeant étranger.
Puis la revue est restée ouverte à une page. Une photo de classe. Des enfants de mon âge. Il y en avaient qui discutaient au fond de la salle. Quelques uns qui paraissaient s'ennuyer ferme. Mais la plupart avaient l'air vaguement intéressés, et il y en avaient même trois qui sautaient carrément de leur chaise en agitant la main vers leur professeur.
Une salle de classe comme toutes les autres. Comme celle où j'allais, avant. J'aurais fait partie de ceux qui écoutaient, mais j'étais trop timide pour lever le doigt. Je n'ai jamais été très courageux ni très fonceur. J'attirais les ennuis, pour vous dire la vérité. Le gars qui avait toutes les chances de se faire casser la figure, c'était moi. Celui qui se retrouvait trimballé de gauche à droite, chez des oncles et des tantes qui oubliaient une fois sur deux comment je m'appelais, c'était moi aussi.
Ce n'était plus moi, tout ça, maintenant.
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